L’humanité est trop bruyante

L’humanité est trop bruyante

Et le silence l’effraie

En me promenant dans la garrigue, je me posais la question. Il reste peu d’endroits sur terre où l’on ne perçoit aucun bruit lié à l’activité humaine. Avant l’ère industrielle, les populations bénéficiaient peut-être d’un peu de ce silence qui aujourd’hui semble nous faire si peur.

La nature n’est pas silencieuse. Les animaux ne sont pas silencieux et nous ne sommes qu’une infime partie du vivant, et pourtant on n’entend que nous. Tout le temps, partout, sans répit. Et si par hasard, l’intensité des décibels faiblit nous avons inventé des amplificateurs ! Nous étouffons le silence. Nous l’écrasons par notre seule présence.

Le bruit est sans doute la plus grosse pollution infligée à la planète et au monde qui l’habite. Même l’infiniment grand avec ses monstrueuses planètes, étoiles et autres engins volants ne nous arrive pas à la cheville. Lorsque ce ne sont pas les machines, c’est nous qui nous faisons un plaisir de “meubler” le silence, comme on le dit si pudiquement. Mais punaise, il est rempli jusqu’à la gueule, le silence. Et comme peu à peu nous perdons l’ouïe, il faut encore monter le son. Et si par hasard nous nous plaignons du bruit, cela sera l’aboiement d’un chien, le chant d’un coq, les roucoulements d’un pigeon. Le bruit naturel nous est devenu insupportable. Il nous faut du bruit de machines, du bruit d’humain qui gueule. Du bruit sans mélodie. Du bruit sans harmonie. Du bruit pour marquer notre territoire, pour imposer notre domination. Le bruit de la conquête, de la guerre, le cri de la souffrance, les larmes de la désolation.

Tout ce bruit, ce n’est pas par hasard

Le problème, c’est que ce monde extérieur, bruyant, violent, morcelé, est le miroir de notre monde intérieur, tout aussi bruyant, bouillant, déboussolé. Cette violence, les parents la transmettent à leurs enfants de génération en génération, depuis fort longtemps. Pourquoi ?

Les aborigènes nous répètent sans cesse “Le problème, c’est votre rêve. Changez de rêve et le monde ira mieux”.

De quel monde rêvons-nous ?

Un monde de bruit, de violence, de pouvoir, de domination ? Un monde de souffrance, de douleur, chassé de soi, de la nature, du féminin, et plongé dans l’excessif et l’illusion. Un monde où tout doit d’être soumis à notre volonté, nos caprices, nos humeurs. Un monde où nous projetons notre mental complètement dingo, le carcan de nos désirs, de nos pulsions, de nos compulsions, sur le vivant Un monde que nous occupons avec force bruit et menace mais dont nous sommes absents. Un monde où notre peur de mourir nous empêche de vivre.

Un monde de paix où nous respectons non plus les lois des hommes qui créent l’opposition dominant/dominé, mais les lois de la vie. Un monde où nous vivons selon les cycles naturels et non plus à contretemps. Un monde d’accueil où nous cherchons l’harmonie en toute action, toute chose. Un monde où nous ne dérangeons pas la nature pour assouvir notre besoin de posséder. Un monde où nous sommes responsables, conscients, et non soumis, dépendants, et toujours dans le déni. Un monde où tous les liens que nous avons massacrés sont rétablis, où les énergies circulent librement, un monde où nous sommes en paix avec nous-mêmes et donc avec la nature.

Nous sommes notre propre guérisseur. Tant que nous ne l’aurons pas compris, nous continuerons à errer jusqu’à notre perte définitive. Les kogis nous donnent trente ans avant l’extinction si nous continuons à vivre ainsi dans le courroux, la haine et l’aveuglement. Des guerres vont se déchainer, nourries par notre perpétuelle colère, et la Terre brulera.

Nous devons déjà réinvestir notre corps, je ne le répèterai jamais assez. Nous devons travailler sur notre relation avec les autres, avec le vivant en général. Nous devons absolument apaiser le feu qui consume notre mental. Les réseaux sociaux peuvent aider, dans la mesure où nous le décidons. Comme ils ont aidé à nourrir haine, violence, division, ils peuvent tout aussi bien servir à nous aider à être, à faire, à nous relier, à nous aimer. Nous avons morcelé la planète comme nous avons morcelé notre existence et coupé tous les liens en menus morceaux. Reconstruisons des ponts, relions les territoires, relions-nous. Car nous ne pouvons exister les uns sans les autres, sans la nature, sans l’univers.

Les peuples premiers sont massacrés depuis des siècles mais ils ont toujours la main tendue vers nous, ils sont toujours prêts à la réconciliation. Gardiens du savoir ancestral, de la planète, ils ne désespèrent toujours pas de nous sauver de nous-mêmes. Laissons-là notre mentalité pourrie de colon occidental et lançons des ponts au-dessus des abîmes que nous avons creusées, car finalement nous sommes isolés.

Nous avons donc deux voies qui s’offrent à nous, la pilule bleue, la pilule rouge, la voie de l’amour, de l’ouverture, de l’accueil, et la voie de la conquête, de la destruction, de la souffrance et du contrôle.

Penser que nous sommes imbus de nous-mêmes au point d’avoir créé un Dieu à notre image, un Dieu humain pour les humains, lol ! Pensons juste que ce qui nous a créé est en chacun de nous, dans chaque molécule de cette planète de l’Univers. Pensons que nous sommes une espèce vivant parmi des millions d’autres et que rien ne nous autorise à détruire toute forme de vie.

Mes bons amis, bonsoir… Je m’en vais sans bruit, faire des crêpes ! le temps s’y prête.

Iza

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