Mon mot du Lundi

Mon mot du Lundi

Pourquoi une telle explosion de théories complotistes ?

En Mars 2020, notre train-train quotidien a soudainement volé en éclats, et du jour au lendemain nous avons été précipités dans le chaos. Cette société que nous imaginions sure et sans faille, où l’immortalité nous est vendue dans chaque spot publicitaire, où l’on cache les morts pour te persuader que la mort n’existe pas, où l’on te fait croire qu’un médoc pour les maux d’estomac te rend irrésistible au bureau, nous est apparue comme un monstre de dangerosité, où toutes valeurs apprises, toutes expériences vécues, toute logique, sont devenues nuisibles et compromettantes. Un président s’est alors mué en monarque recentrant tous les pouvoirs, y compris celui de t’emmerder. Pour le bien du pays, pour protéger son peuple. Attifé de ses peintures de guerre, il s’est imposé tout puissant, mettant à genoux un parlement hébété et une presse libérée de toute contrainte d’information. L’heure était grave, aucune fausse note n’étant permise, le maitre des horloges marquait désormais le tempo de notre respiration.

Une pluie d’informations s’est abattue sur nos têtes, souvent contradictoires, ne nous laissant pas le temps de souffler, de réagir, de réfléchir. A qui se fier ? Les professionnels de la santé défilaient sur les plateaux en débitant un discours alarmiste, et plus ils faisaient flipper, plus ils étaient sollicités. Le compteur des morts était exposé sur les écrans télé. Un ennemi mortel invisible menaçait d’éradiquer la France, l’Europe, le Monde. Et même peut-être bien l’Univers. Le président l’a déclaré, nous étions en guerre, une guerre mondiale et le temps était compté. Ce n’était pas le moment de chipoter. Le compteur des morts s’affolant, chacun de nous était menacé d’y passer. Comment combattre un ennemi qu’on ne voit pas, qu’on entend pas ? C’est le pire des scénarios. Pour nous sauver la vie, le président a pris une mesure inédite, le confinement. D’autres gouvernements ont suivi où l’ont précédé. Le monde se repliait sur lui-même, les usines hurlantes et cracheuses se figeaient, les rues se vidaient, les commerces baissaient le rideau. Du jamais vu, du jamais vécu. Le silence, enfin. Et cette drôle d’impression en regardant par la fenêtre : le temps semblait lui aussi s’être arrêté. L’argent n’était plus un problème, l’état était devenu une planche à billets.

La situation était sans précédent. Le monde entier vibrait sur le même tempo, retenant son souffle, priant pour ne pas être sur la liste des morts. L’ennemi attaquait partout, aux quatre coins de la planète. Oui, il avait trouvé des coins, que voulez-vous cet ennemi est un génie. Du jour au lendemain, nous avons perdu enfants, parents, amis, doudous, hôpitaux, sécurité, amitié. Le monde d’avant est devenu une farce d’irresponsables aveugles et sourds, roulant à vive allure sans phares dans l’obscurité profonde de l’ignorance. Toutes les cartes étaient à rebattre mais nous avions les mains et le cerveau vides.

Nous avons également perdu un gouvernement, un président, des ministres, des médias, des artistes, tout ce decorum qui faisait de notre quotidien une pièce de théâtre rassurante et répétitive, nous laissant croire que nous étions des êtres supérieurs, voire immortels, maitres de leur vie et de leur destinée. En France particulièrement, la stupeur fut profonde. Pays des droits de l’homme où l’homme a perdu tous ses droits à part celui de se taire. Dès lors tous les acquis sont partis en fumée. Tarabustés, secoués, nous avions conscience d’un danger mais submergés par la peur, la détresse, la tristesse, complètement perdus, nous avons commencé à chercher des bouées de sauvetage.

La nature a horreur du vide. L’être humain est une partie de la nature, il a également horreur du vide. La folie s’étant emparée des médias, plus occupés à mobiliser les likes qu’à vérifier les missives de l’AFP, nous avons été des millions, voire des milliards à nous tourner vers les réseaux sociaux, cherchant à nous rassurer.

La valse hésitation, les mensonges, les élucubrations des gouvernants n’ont pas aidé à retrouver un semblant de bon sens. Il nous aurait fallu un président charismatique, solide, ancré, qui aurait justement canalisé nos peurs et nos émotions, et nous aurait aidé à entrer peu à peu dans ce monde nouveau qu’il n’est plus possible de renier ou d’occulter. Au lieu de cela, nous avons un président incertain, mal dans sa peau, trainant une enfance chaotique et une adolescence pour le moins particulière. Un président faible qui n’a d’yeux que pour lui-même. Un président apeuré par le vide qui l’habite et le détruit jour après jour.

A une époque, bien lointaine, les gens auraient regardé toute cette agitation avec détachement puis auraient continué à vaquer à leurs occupations. Seulement dans notre monde moderne, nous n’avons plus d’occupation, à part l’achat compulsif. La frustration commença à ronger les cerveaux. Les réseaux sociaux ont donc commencé à fourmiller d’informations, d’explications, de théories diverses et variées. On ne sait pas trop comment elles arrivaient là ni de qui elles venaient. Remplir le vide, à tout prix. Certains plus malins que d’autres se sont trouvés une vocation, guide, lanceur d’alerte, sauveur de l’humanité. Il suffisait de dire aux gens ce qu’ils avaient envie d’entendre. Ils y sont habitués depuis bien longtemps, car depuis bien longtemps cette société n’est qu’une illusion. C’est ce que nous voulons, de l’illusion. Le reste ne nous intéresse pas. S’il nous éclate quand même à la figure, on fera en sorte de le détourner. Ne pas voir, c’est notre spécialité.

Les disciples affluèrent donc et se mirent en quatre pour aider à la propagation de théories de plus en plus folles, ils faut bien fidéliser le client. Une peur en remplaçait une autre, mais cette peur-là, on savait d’où elle venait et comment l’alimenter. Les lanceurs d’alerte, ça fonctionne comme les hyper marchés ! Comme les publicitaires. Ça manipule un max, ça flatte et ça encaisse. Un jeu s’est alors établi entre médias et lanceurs d’alerte, c’est le fact checking. J’ai le sentiment que sans cette marée de théories complotistes, nous aurions pu gentiment dire stop, juste en refusant d’obéir. Car ça fait deux ans et demi que j’entends des gens qui me parlent d’obéissance, d’obligation. “On nous oblige à” ! C’est la première grande illusion à abattre. On nous oblige à rien du tout, nous sommes consentants !

Occulter la réalité, être dans le déni, c’est une situation bien confortable dont nous usons sans modération. Ça nous permet ensuite de nous offusquer et de tirer à bouts portants sur les monstres que nous avons fabriqués.

Savez-vous où se trouve notre intelligence ? notre mémoire ? Non, pas dans le mental, non, mais dans le corps. Chaque cellule de notre corps a en mémoire des milliards d’années de connaissance. Notre mental est absolument incapable de rivaliser avec nos cellules, pas plus qu’il peut rivaliser avec les cellules de l’univers, le cosmos. La Création est intelligente, pas nous. Nous avons été dotés d’une conscience mais nous sommes incapables de nous en servir car nous faisons toujours le choix de la facilité, même si nous devons y laisser notre dignité. Malgré notre ignorance, nous sommes bardés de certitudes, et les réseaux sociaux sont devenus une arène où nous nous jetons les uns contre les autres. Et le comble, c’est que ça déteint sur notre vie en vrai, sur nos relations avec les autres. J’ai vécu une époque où nous pouvions être un tantinet sarcastiques, moqueurs, mais c’est terminé. Il faudrait se balader avec des masques emojis pour montrer qu’on plaisante, sinon ça te vole dans les plumes. Tout devient archi sérieux. On se prend trop au sérieux. Parce qu’on s’imagine sauveurs de l’humanité alors qu’on est juste incapables de nous sauver, nous. De quel danger ? De nous-mêmes, de notre suffisance, de notre ignorance, de notre bétise. Quand on campe dans ses certitudes, on se sent tout puissant, mais avec un tout petit peu de recul et de dérision, on s’aperçoit à quel point cette position sur le perchoir est ridicule. S’écharper sur des supputations plutôt que prendre contact avec la réalité et donc parer au plus pressé puis s’ingénier à s’adapter, où ça mène d’après vous ?

Je n’écrirai plus ce genre de billet. je l’écris, c’est comme un contrat. Je laisse tomber FB parce que j’en ai marre de perdre mon temps et mon énergie, et marre d’être une idiote. Marre de toute cette manipulation collective. Je vais essayer de ne plus avoir d’opinion ou du moins de ne pas en faire part. Je vais essayer de partager seulement des réflexions, des expériences, de rapporter des brèves de vie, des astuces, etc… Je ne veux plus de ces joutes, pas plus que de ces certitudes partagées, consolidées, qui nous enferment dans des théories très loin de la réalité. Je veux du concret ! Je veux être dans le réel. Je veux anticiper ce qui nous attend. Nous n’avons pas envie de l’admettre, mais cette société en train d’exploser, c’est un vrai cadeau de la nature. Un vrai cadeau pour l’humanité. Il y a tant à faire. Agissons, vivons. Le seul moyen de connaitre la vie, c’est d’être en vie. Ce n’est pas s’enfermer dans des certitudes. Nous ne pouvons pas avoir de certitudes, sur rien, nous sommes bien trop ignorants. Nos émotions nous donnent une perception fausse, des pensées compulsives, et de là nous affirmons, nous campons dans nos certitudes. Nous cherchons sans relâche la sécurité alors que la vie, c’est tout sauf la sécurité. Nous ne voyons pas ce qui est, nous sommes dans l’obsession, et les réseaux sociaux n’ont fait qu’empirer les choses. Nous voulons ce que nous n’avons pas, on passe d’un état compulsif à un autre. Stop !

J’en ai chié pour écrire ce billet. La lune descendante ne m’inspire pas, la chaleur me ramollit les neurones, mais voilà, je crois que je peux vous souhaiter une bonne soirée, journée, une bonne vie, et à très vite.

Iza

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Cet article a 2 commentaires

  1. Fichot Nicole

    Depuis une bonne dizaine d’années, j’ai le ressenti que cette humanité est arrivée à sa fin. 2020 marque le compte à rebours. Et pourtant, les anciens nous avaient prévenus… La plupart ont besoin de boucs émissaires pour se dédouaner mais chacun est responsable à son niveau. C’est bien parce que cette humanité est mineure, juvénile, immature et peu évoluée spirituellement qu’elle est condamnée à disparaître. Quant à moi, j’aspire plus à la paix, à la sérénité qu’à la sécurité. Vivre et vivre libre comportent des risques, à chacun de savoir les évaluer pour mieux les appréhender et les surmonter. Il est certain que cela ne rime pas avec facilité mais la Nature, autant elle est belle et généreuse autant elle est impitoyable. Elle ne récompense que les forts, c’est le pacte. Souhaitons que la prochaine humanité comprenne le message…

    1. Iza Gisse

      l’humanité est nantie de capacités extraordinaires dont elle n’a pas conscience, alors qu’elle a une conscience. Il lui faudra sans doute quelques milliers, ou centaines de milliers d’années pour sortir de son comportement juvénile, si elle ne se détruit pas avant. Depuis que l’humain s’est sédentarisé et a peu à peu “conquis” le monde, il a sans doute régressé. le ‘progrès” dont nous nous sentons fiers n’est finalement qu’une pale imitation de la nature. Ce soir, je regardais le ballet aérien de deux hirondelles qui chaque soir viennent se faire une gueuleton de moustiques. La rapidité du vol, les multiples figures, arabesques, la justesse, l’efficacité. Elles sont deux, un duo parfaitement synchrone, à une vitesse ahurissante. Cela m’a bien sûr fait penser à la patrouille de France qui exécute les mêmes figures. Tout est copié de la nature, rien n’est inventé. L’humain ne sait donc que copier. Ses sens étaient sans doute plus développée avant l’ère industrielle, il régresse en permanence et s’appuie sur des machines pour vivre à sa place, en quelque sorte. Quand à la spiritualité, elle fut bien présente à une époque, mais aujourd’hui elle est totalement absente. Parler d’âme n’a donc aucun sens, nous n’y sommes pas reliés. Là aussi nous nous contentons de copier.

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