Mon mot du lundi
Bonjour,
J’espère que vous avez passé de bonnes fêtes.
Beaucoup appréhendent ces fêtes de fin d’année. Certains se sont mis à détester. D’autres ferment toutes les écoutilles et s’enferment dans la solitude. Or, à l’origine Noël était une fête simple et joyeuse. On fêtait le solstice d’hiver, c’est-à-dire la fin d’un cycle et en même temps le renouveau, la renaissance du soleil. La terre se repose et dans son ventre la germination commence. Noël où tout s’arrête et tout commence. Noël, fête de lumière, du soleil, pour repousser les ténèbres et la très longue nuit du solstice d’hiver. Noël, fête du roi Soleil sans qui la vit sur Terre ne serait pas possible.
Le saviez-vous ? Durant trois nuits à partir du solstice d’hiver, le soleil se lève et se couche exactement au même endroit. Et c’est dans la nuit du 24 au 25 décembre que les jours commencent à grandir. Alors la roue de la vie tourne à nouveau, jusqu’au prochain solstice d’hiver. Noël, néo Hélios, le renouveau soleil. C’est dans la nuit la plus longue et la plus profonde que le soleil renait. Ce n’est pas pour rien que les chrétiens ont décidé de faire naitre Jésus dans la nuit du 24 au 25 décembre et pas un hasard s’ils l’ont fait vivre 33 ans, car 33 ans, c’est tout simplement le cycle du soleil.
La bûche de Noël est aussi une lointaine tradition. Il fallait trouver la bûche la plus gros possible afin qu’elle brûle durant les douze nuits sacrées de Yule. Pourquoi 12 ? Parce que chaque nuit enfante un des mois de la prochaine année. Durant ces 12 nuits les énergies telluriques sont au plus bas et les énergies cosmiques sont au plus haut. C’était le moment de la divination, des présages.
Chaque jour la lumière va gagner du temps sur les ténèbres. C’est le moment de renouer avec la nature. Autrefois, on faisait des cadeaux aux divinités pour avoir leur protection. On faisait également des cadeaux à la famille, aux amis, aux voisins, histoire de se faire pardonner les fautes et les erreurs. Histoire de se débarrasser du passé afin d’accueillir la nouvelle année.
C’est la moment de l’énergie Yin, le féminin, le froid, qui invite à l’introspection, au recul. C’est le moment de ralentir, de prendre du temps pour soi. C’est le moment de se concentrer sur notre énergie, de la nourrir pour qu’elle devienne créatrice et qu’elle explose durant la saison claire, comme le germe sort de la terre et grandit comme s’il voulait toucher le ciel.

Noël est un moment tendre et doux. Il ne doit pas provoquer stress et angoisse. Seulement la roue de la vie des temps modernes se doit de tourner tout le temps au même rythme, sans repos. Imaginez-vous dans un train qui roule à grande vitesse, sans même ralentir lorsqu’il arrive à une gare. Il ne vous reste qu’un vague souvenir du nom de ces centaines de gares devenues fantomatiques.
Il ne faut donc pas s’étonner si nous allons aussi mal et si nous nous tournons vers l’industrie chimique des médicaments, de plus en plus, croyant pouvoir acheter de l’apaisement, du bonheur, une halte. De plus en plus, nous nous enfonçons dans une vie artificielle, comme ces pauvres poules pondeuses qui ne connaissent jamais la nuit et ne trouvent le repos que dans la mort. Nous sommes devenus des animaux de batterie. Noël est devenu un drelin drelin de monnaie, de caisse enregistreuse. C’est la course aux cadeaux. Il en faut pour tout le monde, des trucs moches, inutiles. Acheter, acheter, acheter. Ça fait mal au portemonnaie qui grince de plus en plus mais “tradition” oblige, et qu’en dira-t-on flonflon à bon de ballon dans les esgourdes. Clinquant, paillette, comédie, poudre aux yeux. Les familles se réunissent et la plupart des dîners se transforment en pugilat. Les familles se déchirent, la rancoeur rance se répand dans les rangs et l’on repart comme des sauvages, la bouche amère.
Dans tous ce fatras consumériste, l’esprit de Noël a disparu. Mais sa renaissance ne tient qu’à nous, amis. Nous sommes nés le coeur rempli de joie, et à aucun moment il est dit que la vie doit être un calvaire, une menace, un combat. Le coeur est toujours rempli de joie mais nous préférons écouter notre mental, notre intellect qui, pris au piège du consumérisme, nous révèle comme des gens frustrés et jaloux. Certains rebelles rejettent Noël, croyant ainsi s’affranchir de “traditions devenues débiles”. Mais il ne tient qu’à nous de faire revivre ces traditions qui ne sont d’ailleurs pas le fruit du hasard. Noël est le point de départ du nouveau cycle. Le temps existe seulement pour nous qui avons décidé de coller des échelles de partout, mais en réalité, la nature ne connait que les cycles. Et elle n’est pas limitée.
Noël, c’est justement l’occasion de lâcher toute cette logique mathématique et d’ouvrir son coeur, de laisser s’émerveiller l’enfant qui est en nous, de se reconnecter avec soi, avec la nature, avec l’origine.
Cette année, nous avons décidé d’un Noël sans cadeau, sans contrainte, sans obligation, sans esbrouffe. Et ce fut une réussite. Pas de pression avant, pas de pression pendant. Vient qui en a envie sans se sentir obligé. Les mains vides, la porte du coeur ouverte sur sa joie intérieure. Un doux moment de paix et d’amitié autour d’un repas préparé comme toujours avec le coeur. De la joie dans les plats, donc.
Contrairement aux autres années, j’avais décidé de faire un mini sapin. Si mimi que j’ai envie de le cajoler ! J’ai mis des décos à sa taille, et franchement, ce sapin me ravit.

Amis, profitons de cette pause dans le grand cercle de la vie, dans le grand cirque devrais-je écrire. Cela fait des décennies qu’on nous inculque cette satanée théorie, “si tu n’as rien, tu n’es rien”, et voyez donc où ça nous mène. Etre joyeux est naturel. La joie est le meilleur des remèdes, damned, stop aux ersatz, stop aux vendeurs de pluie. La joie se nourrit et se transmet, se partage, sans jamais s’épuiser, comme la flamme de la bougie. Elle ne se monnaye pas, elle ne se quémande pas. Ce n’est ni un dû ni une récompense, c’est juste un état. La joie conduit à l’extase et donc à la sublimation. La joie vient uniquement de nous et non des autres, jamais. Alors il est temps de nous débarrasser de la peur du manque, de l’envie, il est temps de vivre et d’ouvrir notre coeur car tous les cadeaux du monde y sont réunis. Notre coeur est corne d’abondance.
Je crois que je vais même arrêter de lire les titres des infos sur les sites d’actu. Ça ne m’apporte rien, au contraire. Nous sommes en perpétuelle réaction et nous n’agissons plus car terrorisées, pris dans le filet de la peur et de l’angoisse. Nous fabriquons ce monde qui nous exploite et nous détruit. Nous perdons vainement des quantités inimaginables d’énergie rien qu’en nous efforçant de “nous tenir au courant”. Le courant, c’est celui de la vie, pas celui des infos anxiogènes balancées pour nous scier comme des bûches. Sauf qu’une fois sciés, nous ne donnons ni chaleur ni lumière.
Voilà. Jusqu’au 6 janvier, les nuits sacrées de Yule, une énergie cosmique au plus haut, un ralentissement de la roue de la vie nécessaire, un retour à soi, à la simplicité, à la félicité…. l’occasion où jamais de tenter autre chose. L’autre jour mon fils a glissé le mot énergie dans une phrase. La personne lui a aussitôt répondu “je ne crois pas en ces trucs”. Voilà où nous en sommes.
A bientôt